histoire
La Nouvelle-Calédonie a une histoire riche,tourmentée, qui mêle déchirures profondes et fortes réconciliations entre les communautés.
De l'origine à nos jours
Les Premiers habitants
Les premières traces de peuplement humain sont attestées sur les littoraux aux environs de 1100 avant J.-C. Ces sociétés, arrivées par l'Est de l'Asie au cours d'une lente progression, appartiennent à la civilisation dite du Lapita, qui s'étend sur toute une partie du Pacifique Sud. Les principaux aspects de la tradition kanak, comme le respect de la coutume, sont nés à cette époque lointaine.
La colonisation
En 1774, le Britannique James Cook accoste au Nord de la Grande Terre et marque ainsi la découverte européenne de l'île. L'archipel, qu'il baptise « Nouvelle- Calédonie », accueillera rapidement les premiers échanges entre autochtones et visiteurs (santaliers, missionnaires protestants et catholiques...).
En 1863, Napoléon III prend possession du territoire au nom de la France, le destinant dix ans plus tard à devenir une colonie pénitentiaire. Durant trente-quatre ans, y seront déportés condamnés de droit commun ou politiques, comme Louise Michel, révolutionnaire pendant « la Commune ». L'installation du bagne va de paire avec une expulsion accrue des populations kanak de leurs terres. Deux grandes révoltes kanak en 1878 et 1914 sont durement réprimées.
L’émergence sur la scène internationale
À la fin du XIXe siècle, le sous-sol de la Nouvelle Calédonie révèle de grandes richesses minières et les premiers immigrants asiatiques viennent travailler à leur exploitation. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la Nouvelle-Calédonie assume un rôle stratégique dans la Guerre du Pacifique.
À la fois « porte-avions » américain et centre du commandement interallié dans la région, le Caillou accueillera plus d'un million d'Américains en quatre ans. L'impact sur les modes de vie et les infrastructures du territoire est considérable.
Les revendications du peuple autochtone
Le boom du nickel (1968-1971) fait entrer la Nouvelle-Calédonie dans une période industrielle effrénée. Mais la venue massive de nouveaux immigrants, alliée aux nouvelles donnes économiques et politiques, accentuent les déséquilibres entre les communautés.
Au cours des années quatre-vingt, c'est l'explosion de violence : les « événements » déchirent la Calédonie. En 1988, les accords de Matignon-Oudinot - signés entre les partis indépendantiste, non-indépendantiste et l'État français - instaurent une politique de rééquilibrage, avec la création de trois Provinces et une reconnaissance officielle du peuple kanak.
Vers un destin commun
En 1998, ces accords se prolongent avec la signature de l'accord de Nouméa qui crée un gouvernement collégial du pays à côté des trois Provinces : c'est l'assurance que les deux grandes légitimités politiques travaillent ensemble.Le nouvel enjeu devient la construction d'un destin commun pour rendre le retour à la paix définitif et asseoir la citoyenneté calédonienne.
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Des accords pour un destin commun
1988 : les accords de Matignon
Les accords de Matignon-Oudinot, signés le 26 juin 1988 à l'issue de la période dite des « événements », ont permis de rétablir la paix civile et d'engager la Nouvelle-Calédonie dans une nouvelle phase de développement caractérisée par le partage des responsabilités entre les indépendantistes et les non-indépendantistes.
Rééquilibrer les pouvoirs
Ces accords ont entériné la création de trois Provinces (Sud, Nord et Îles Loyauté), librement administrées par des assemblées élues (au suffrage direct). La répartition des pouvoirs fait la part belle aux Provinces puisqu'elles détiennent une compétence de droit commun, notamment en matière économique, sociale et environnementale. Les autres collectivités (État, Nouvelle-Calédonie et communes) exercent des compétences d'attribution.
Les indépendantistes ont ainsi eu accès à d'importantes responsabilités, complémentaires de celles qu'ils exerçaient déjà dans les communes.
De son côté, l'État s'est engagé à faire de gros efforts financiers afin de faciliter le rééquilibrage du pays, notamment en ce qui concerne les infrastructures publiques. Les ressources fiscales sont réparties de manière à favoriser l'intérieur de la Grande Terre et les îles Loyauté: 50% pour les Provinces Îles et Nord qui représentent 30 % de la population, 50% pour la Province Sud où sont concentrés 70 % des habitants et 75 % de l'activité économique.
1998 : l'accord de Nouméa
Afin d'éviter le référendum « pour ou contre l'indépendance », prévu dans les accords de Matignon-Oudinot, une solution consensuelle a été négociée entre les indépendantistes, les non-indépendantistes et l'État. L'accord de Nouméa, signé le 5 mai 1998, a été constitutionnalisé et ratifié par 72% des Calédoniens lors d'un référendum.
Un référendum sur la pleine souveraineté
Dans le dernier mandat de l'accord de Nouméa, il est prévu d'organiser, entre 2014 et 2018, un référendum sur l'accession à la pleine souveraineté. En vertu du gel du corps électoral, seules seront consultées les personnes justifiant de vingt ans de résidence sur le territoire.
Les transferts de compétences
L'accord de Nouméa organise l'émancipation de la Nouvelle-Calédonie au travers d'un partage de souveraineté avec la France. Dans ce cadre, l'État transfère des compétences majeures à la Nouvelle-Calédonie, de manière progressive mais irréversible. Au terme de l'accord, en 2014, seules les compétences régaliennes (monnaie, justice, ordre public, défense, relations étrangères) devraient encore être exercées par l'État.
De nombreuses innovations juridiques
• des lois du pays. Certaines délibérations du Congrès ont le caractère de loi et de ce fait ne peuvent être contestées que devant le Conseil constitutionnel;
• un gouvernement collégial. L'Exécutif de la Nouvelle-Calédonie n'est plus assuré par l'État mais par un gouvernement collégial, élu par le Congrès, responsable devant lui et composé à la proportionnelle des groupes politiques siégeant au sein de l'assemblée.
• un Sénat coutumier. Cette institution, nouvellement créée, est obligatoirement saisie des projets de loi du pays et de délibération lorsqu'ils concernent l'identité kanak;
• des signes identitaires. Nom du pays, drapeau, hymne, devise, et graphisme des billets de banque, doivent permettre «d'exprimer l'identité kanak et le futur partagé entre tous»;
• la promotion de l'emploi local. La loi du pays prévoit des conditions de recrutement favorisant les personnes installées en Nouvelle-Calédonie depuis plusieurs années en fonction des difficultés de recrutement par activités professionnelles.
Préambule de l'accord de Nouméa
extraits
1. Lorsque la France prend possession de la Grande Terre, que James Cook avait dénommée « Nouvelle-Calédonie », le 24 septembre 1853 (...) ce territoire n'était pas vide. La Grande Terre et les îles étaient habitées par des hommes et des femmes qui ont été dénommés kanak. (...) L'identité kanak était fondée sur un lien particulier à la terre.
2. La colonisation de la Nouvelle-Calédonie s'est inscrite dans un vaste mouvement historique où les pays d'Europe ont imposé leur domination au reste du monde. Des hommes et des femmes sont venus en grand nombre, aux XIXe et XXe siècles, convaincus d'apporter le progrès, animés par leur foi religieuse, venus contre leur gré ou cherchant une seconde chance en Nouvelle-Calédonie. (...)
3. Le moment est venu de reconnaître les ombres de la période coloniale, même si elle ne fut pas dépourvue de lumière. Le choc de la colonisation a constitué un traumatisme durable pour la population d'origine. Des clans ont été privés de leur nom en même temps que de leur terre. Une importante colonisation foncière a entraîné des déplacements considérables de population. (...)
La colonisation a porté atteinte à la dignité du peuple kanak qu'elle a privé de son identité. (...)
4. La décolonisation est le moyen de refonder un lien social durable entre les communautés qui vivent aujourd'hui en Nouvelle-Calédonie.(...)
Il est aujourd'hui nécessaire de poser les bases d'une citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie, permettant au peuple d'origine de constituer avec les hommes et les femmes qui y vivent une communauté humaine affirmant son destin commun. (...)
Le passé a été le temps de la colonisation. Le présent est le temps du partage, par le rééquilibrage. L'avenir doit être le temps de l'identité, dans un destin commun.
5. Les signataires des accords de Matignon ont donc décidé d'arrêter ensemble une solution négociée, de nature consensuelle. (...) Cette solution définit pour vingt années l'organisation politique de la Nouvelle-Calédonie et les modalités de son émancipation. (...)
Au terme d'une période de vingt années, le transfert à la Nouvelle-Calédonie des compétences régaliennes, l'accès à un statut international de pleine responsabilité et l'organisation de la citoyenneté en nationalité seront proposés au vote des populations intéressées. Leur approbation équivaudrait à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie.