Culture
Le grand Océan Pacifique a jeté sur les rivages calédoniens bien des peuples, porteurs d'autant de traditions et de regards sur le monde.
une population pluriethnique
Le peuple d'origine
Les Kanak, premiers habitants de l'archipel, ont structuré leur société en clans qui se retrouvent autour d'un grand chef. La case, habitat traditionnel, est chargée d'éléments symboliques (flèche faîtière, chambranles...). Le calendrier annuel est marqué par la culture de l'igname, tubercule sacré qui est au centre des échanges rituels.
Des communautés aux provenances plurielles
Les communautés descendantes d'Européens sont issues pour la plupart des bagnards et des colons qui sont arrivés après la prise de possession de l'archipel par la France en 1853. Au fil des générations, elles ont développé des coutumes et un mode de vie singuliers, caractérisés par le rapport étroit à la nature et des influences anglo-saxonnes.
À la fin du XIXe siècle, les besoins en main-d'oeuvre expliquent l'arrivée d'une importante communauté indonésienne, dans le contexte très difficile d'une économie coloniale naissante. Les Javanais furent recrutés pour travailler dans les champs puis dans les mines, dans des conditions éprouvantes. Cette communauté représente une partie des musulmans de Nouvelle-Calédonie.
Immigrations au fil du temps
Les années 1970 et le boom du nickel ont encouragé la venue de Polynésiens (Wallisiens et Futuniens, Tahitiens) qui fuyaient un contexte économique morose dans leurs îles d'origine. Les Wallisiens sont désormais plus nombreux dans leur île d'accueil qu'à Wallis-et-Futuna, et ajoutent au melting-pot calédonien des traditions et une langue spécifiques.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, l'immigration économique motive également l'installation plus récente de Métropolitains (baptisés « Zoreilles »). Descendants de Kabyles déportés, Vanuatais, Vietnamiens, Japonais, Antillais, venus pour le travail, participent à cette mosaïque complexe et jamais achevée.
Surtout, la Nouvelle-Calédonie est une terre de métissages ; et nombreux sont aujourd'hui les enfants calédoniens fiers d'appartenir à plusieurs communautés.
La coutume dans le monde kanak
Passeport indispensable à la compréhension de la culture kanak, la coutume est un ensemble de règles
et de rituels respectés par des clans regroupés autour de l'autorité d'une chefferie très hiérarchisée.
Un art de vivre
Tout événement important - naissance, deuil, mariage, célébration des ignames nouvelles - donne lieu à de grands rassemblements pouvant regrouper plusieurs centaines de personnes. À cette occasion, les responsables coutumiers prononcent de longs discours, récitent les généalogies et leurs histoires. Le sens du mot coutume s'est progressivement élargi. Outre les pratiques et les rituels anciens, il évoque désormais l'art de vivre mélanésien dans son ensemble, c'est-à-dire un système de relations sociales dans lequel le respect des forces naturelles, le pouvoir de la parole et le geste de l'échange sont des valeurs primordiales.
« Faire la coutume » consiste à accomplir un ensemble d'actes indispensables pour entrer dans le monde kanak. C'est s'engager dans une relation précise avec un individu - ou un groupe d'individus - à un moment
et dans un lieu donnés. C'est se connaître et se reconnaître l'un l'autre.
Les objets traditionnels de la coutume
Les objets traditionnels de la coutume
Les échanges de paroles s'appuient sur des dons, dont les plus importants sont traditionnellement les monnaies et les ignames. La monnaie kanak n'a rien à voir avec l'argent tel qu'on le conçoit dans le monde occidental, sa valeur est symbolique et non marchande. L'igname, tubercule sacré, s'inscrit au cœur de la coutume. Symbole de virilité et d'honneur, elle scelle l'alliance entre les clans. Les Kanak distinguent les vraies ignames, à la base de tous les échanges coutumiers, des ignames ordinaires, consommées quotidiennement.
Coutume «mode d'emploi»
Le geste coutumier est une marque d'attention. Il s'accomplit dans la plus grande simplicité. Si vous devez faire un geste coutumier, voici les étapes à respecter :
• Préparez un petit présent; inutile d'offrir un objet coûteux, il s'agit d'un geste symbolique. Si vous vous trouvez en Nouvelle-Calédonie, procurez-vous un manou (coupon d'étoffe) qui pourra être accompagné d'un paquet de cigarettes et d'un billet de 500 ou 1 000 FCP.
• Face au responsable coutumier désigné, posez votre présent sur la table ou sur la pelouse en extérieur, prononcez quelques paroles expliquant les motifs de votre visite et demandant à être accueilli au sein de la tribu (ou dans le lieu où s'effectue le geste coutumier). Faites référence à votre don en signe de respect. Si votre interlocuteur baisse les yeux quand vous vous adressez à lui, ne vous offusquez pas. C'est une manière d'être à votre écoute, de vous témoigner du respect.
• Le responsable coutumier prononcera alors quelques paroles de bienvenue. Soyez attentif à ne pas l'interrompre.
• À partir du moment où il aura pris « votre geste », on peut considérer que vous êtes « accueilli » dans le lieu.
• Si vous recevez officiellement des invités ou une délégation kanak en Métropole, ceux-ci feront un «geste» : ils vous remettront un présent et le porte-parole dira quelques mots de remerciement.
• En retour, vous devrez également remettre un cadeau symbolique, accompagné de paroles d'accueil.
Le droit coutumier
Le droit civil commun ne s'applique pas automatiquement aux Kanak et à leurs biens. En vertu de l'article 75 de la Constitution, les personnes relevant du statut civil coutumier kanak sont régies par la coutume (état-civil, mariage, filiation, successions...) sauf si elles y renoncent auquel cas, elles passent sous statut civil de droit commun. La coutume régit également les terres coutumières et les biens qui y sont situés. Les terres coutumières sont particulièrement protégées par leur caractère inaliénable, elles ne peuvent faire l'objet d'une appropriation privée. Les décisions des autorités coutumières sont transcrites dans un «acte coutumier» (ancien pv de palabre) à l'issue d'un « palabre » (discussion organisée selon les usages de la coutume).
Les Kanak sont très attachés à leur statut coutumier et peu d'entre eux souhaitent en changer. Ils y sont fidèles pour des raisons de reconnaissance identitaire.
La coexistence de deux statuts civils est reconnue dans l'article 75 de la Constitution française de 1958 qui stipule que «les citoyens de la République qui n'ont pas le statut civil de droit commun conservent leur statut personnel tant qu'ils n'y ont pas renoncé».
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