2016


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Événement

Paul WAMO TANEISI, "Comme un fou qui aime le jour..."

22 septembre 2016

Ce jeudi 22 septembre 2016, Paul WAMO TANEISI se tient debout à la focale des huit poteaux des huit aires coutumières de la Grande case. Le 4 bis rue de Ventadour affiche complet. Avec deux jours d’avance sur les partages et les débats d’un 24 septembre devenu fête de la citoyenneté pour les Calédoniens, sa parole – terre / ciel ; là / là-bas – tresse la natte où s’asseoir ensemble.

Il tourne et tourne Paul WAMO TANEISI, mais pas en rond. A ses côtés deux musiciens, complices et talentueux, Yoan HNAUTRA (basse, percussions, chœurs) et, venu de Marseille pour la première fois, Wim WELKER (guitare, chœurs). Voix, instruments : dès les premiers accords, « SOL » nomme sa source et dit ses couleurs, celles d’un archipel plein cœur du Pacifique dont il s’agit ce soir de « partager la part d’universalité », celles d’une échappée belle qui conjugue le battement des chants kanak « Aé aé » à la mélodie de celui qui reviens « boire l’eau de sa terre… »

SOL-terre et SOL-soleil, une heure durant Paul WAMO TANEISI scande pour nos esprits, nos corps, nos âmes la matière trébuchante et sonore des mondes qui viennent.

Il murmure à nos ventres les secrets, les chants de ce « petit pays » dont il explore la langue plurielle, la langue rhizomes, la langue résolument vivante, résolument humaine.

Alors chacun – « sol sol sale sali sol sol soleil soleil… » –  se met à croire en lui, petit pays, en son soleil crié par-delà les blessures, par-delà les désordres :

…  un homme s’alcoolise encore et encore, mais les mots de sa mère ;

… la mer monte,  engloutit nos îles, les yeux se détournent, mais les mots-digues contre l’oubli ;

… des gosses égarent jusqu’à leur ombre dans les rues d’Aemoun / Nouméa, mais l’amoureuse, ses mots de se lever qui  brisent le cercle…

Les mots. Paul WAMO TANEISI les lit et les relie.

Ils sont de Frantz Fanon : « Il ne faut pas chercher à fixer l'homme, puisque son destin est d'être lâché … il ne faut pas chercher / à fixer l’homme puisque… ». Libre et grave, insaisissable,¨Paul WAMO TANEISI fait danser Fanon.

Ils sont de lui, embarquent loin : « Ne jamais abandonner le bout de son chemin / ne jamais se dire que ça ne sert plus à rien / le suivre demain / demain demain / puis après-demain / demain demain / puis zap zap zap zap z’après-demain le suivre / comme un fou qui aime le jour / le suivre / comme un fou qui croit toujours… » et « avancer même / quand le ciel nous tombe sur la tête / espérer / toujours / qu’un jour / l’amour / vaincra la bête…».

Face à la montée des eaux, ils sont résistance : « Nous nous souviendrons de l'heure / nous nous souviendrons du temps / nous nous souviendrons de nous / nous nous souviendrons d'hier / nous nous souviendrons de tout... ». Et quand la musique quitte la scène, ils sont là encore quand Paul Wamo clame son « Alerte au génocide en Papouasie Occidentale », pour qu'aucun de nous ne puisse dire qu'il ne savait pas...

Au lendemain de l’irruption de "SOL" sous la case de la MNC, entre Opéra et Comédie française, ces mots-là ne sont pas près de nous abandonner…

 

* "SOL" : Textes de Paul Wamo
Musique de David Leroy, Paul Wamo et Wim Welker      
Direction artistique de Christian Bordarier
Mise en scène de Juliette Solal.


Retrouver des extraits du spectacle "SOL" sur la page Facebook de la MNC :
Extrait n°1
Extrait n°2

Le CD "SOL", comprenant 6 titres du spectacle est disponible au Point librairie de la MNC (9 €)
ainsi que plusieurs livres de Paul WAMO : "Trois Saisons" (éditions des Petites allées - 9 €), textes écrits lors de sa résidence à Rochefort et agglomération ; "J’aime les mots" (éditions Grain de sable / L’Herbier de feu), auxquels s’ajoutent des textes parus dans plusieurs recueils collectifs.

Télécharger le dossier de presse.